Résolution PLR Urban : poser les jalons de la mobilité du futur

Messages clés

  • Maintenir et renforcer les transports publics (TP) en tant qu'épine dorsale de la mobilité urbaine
  • Mieux relier les modes de transport - TP, voiture, mobilité douce - et les utiliser plus efficacement (mobilité multimodale).
  • Ensemble plutôt que l'un contre l'autre : planification globale de toutes les formes de mobilité et investissements ciblés dans les infrastructures et les technologies numériques.
  • Concentrer le trafic interrégional et le trafic longue distance de manière ciblée sur des axes choisis
  • Promouvoir rapidement la décarbonisation des transports

1. La mobilité fait partie de l'identité urbaine

La mobilité - au sein des villes et au-delà de leurs frontières - fait partie de l'identité urbaine. La mobilité est d'une grande utilité pour l'individu, la société et l'économie. Les besoins de mobilité de la population, qui ne cessent de croître, en sont la preuve.

Une politique de mobilité globale exige la prise en compte de tous les modes de transport utilisés. Les besoins des transports publics (TP), du trafic individuel motorisé, des piétons et des cyclistes ainsi que de la logistique ou du transport de marchandises doivent tous être pris en compte.

Les différents groupes d'intérêts (personnes actives, seniors, enfants, jeunes, personnes en quête de repos, commerçants, entrepreneurs, etc.) ont des besoins différents qui évoluent au cours de la journée et en fonction des conditions de vie.

La mobilité est aujourd'hui encore un moteur essentiel du développement territorial. C'est pourquoi la politique de mobilité urbaine est aussi une politique d'agglomération. Les besoins des particuliers et des entreprises exigent que la ville ne soit pas exclusivement pensée dans ses frontières politiques. Contrairement à la pratique actuelle, l'aménagement du territoire et la planification des transports doivent être étroitement liés. Les nouvelles offres technologiques permettent justement d'impliquer les agglomérations et les cantons dans le développement de la mobilité urbaine.

La mobilité est une chose positive, mais elle s'accompagne aussi d'effets secondaires négatifs tels que les émissions de substances nocives, les nuisances environnementales et sonores ou les coûts liés aux embouteillages. Les villes et leurs agglomérations sont par conséquent confrontées à de nombreux défis.

2. Défis de la politique de mobilité

Les villes suisses sont construites sur un espace restreint. Une extension de la surface pour assurer tous les besoins de mobilité n'est souvent pas possible et la densification souhaitée des constructions exige de préserver les espaces verts et les espaces libres. Différents modes de transport entrent ainsi en concurrence pour occuper le peu d'espace routier disponible. Les usagers des transports publics, les automobilistes, les piétons et les cyclistes revendiquent tous de l'espace pour leurs besoins. Si les surfaces de circulation sont séparées les unes des autres et ne peuvent pas être multipliées, la lutte pour l'espace devient un jeu à somme nulle. Il est clair que la solution parfaite pour tous n'existe pas. La plupart du temps, ce sont les transports publics qui réussissent le mieux à transporter le plus de personnes en même temps sur un espace donné.

Ceux qui vivent en ville profitent de trajets courts pour le travail et les loisirs. En même temps, les villes ne sont pas des îles : elles doivent rester ouvertes à tous. L'offre de mobilité doit aussi s'adapter à cela Page 2 sans nuire à la qualité de vie, d'habitat et de séjour dans la ville. En effet, les personnes qui vivent dans des villes en expansion sont particulièrement touchées par les effets négatifs du trafic, notamment les émissions de polluants et de bruit. De manière générale, il convient d'accorder une grande importance à la sécurité des usagers de la route les plus faibles, que ce soit en raison de leur âge ou parce qu'ils se déplacent à pied ou à vélo. Enfin, les objectifs climatiques exigent que la mobilité se fasse à l'avenir sans émissions de CO2.

3. Exigences pour les cinq prochaines années

Pour que les villes puissent répondre aux multiples besoins de mobilité, PLR Urban mise sur les exigences à moyen terme suivantes :

  1. Maintenir le train, le tram et le bus comme colonne vertébrale de la mobilité urbaine : L'efficacité des transports publics en termes de surface est inégalée. La mobilité urbaine pour le transport de nombreuses personnes aux heures les plus chargées de la journée ne peut être garantie que par les TP dans les années à venir. C'est pourquoi le transport urbain doit être rendu possible principalement par des transports publics attrayants.
  2. Préserver les surfaces routières pour les différents modes de transport : L'espace pour la mobilité doit être disponible à l'avenir également. C'est la seule façon de répondre à la demande de tous les modes de transport, pour les personnes comme pour les marchandises. La manière dont les surfaces routières sont réparties doit être décidée au cas par cas ; mais elles doivent être préservées.
  3. Décloisonnement des modes de transport : les différents modes de transport (transports publics, voitures, vélos, piétons) doivent, dans la mesure du possible, circuler sur des voies qui leur sont propres et qui sont délimitées les unes des autres, y compris sur le plan architectural. Cela permet de garantir une vitesse, une sécurité et un confort appropriés pour les usagers de tous les modes de transport. En outre, il convient d'utiliser davantage les infrastructures flexibles (p. ex. ponts temporaires), réduisant le bruit (p. ex. surbaissement, revêtements silencieux) et numériques (p. ex. gestion du trafic).
  4. Vérité et transparence des coûts : celui qui veut de la mobilité doit aussi supporter les coûts qui y sont liés. Un financement des transports conforme au principe du pollueur-payeur (modèles de tarification de la mobilité), qui tient également compte de la rareté temporelle et locale, conduit à une utilisation optimale de l'infrastructure de mobilité.
  5. Numérisation et automatisation : des commandes de trafic intelligentes (p. ex. feux de signalisation, signaux) permettent de réduire les pics de trafic, d'utiliser l'infrastructure de manière uniforme ou de réduire le trafic de recherche dans les villes. Les systèmes de guidage des parkings et la gestion électronique des espaces de stationnement publics et privés en font également partie. Les plates-formes de mobilité, qui relient les transports individuels et collectifs, permettent de regrouper et d'utiliser en commun différentes offres (partage).
  6. Mobilité neutre en CO2 : la conversion des transports à de nouvelles formes de propulsion contribue largement à la réalisation des objectifs de la ville en matière de climat et d'émissions. Pour cela, il est essentiel de développer rapidement l'infrastructure de recharge dans l'espace public ainsi que dans les bâtiments résidentiels et commerciaux privés, et de garantir l'infrastructure nécessaire pour les transports publics et le trafic individuel (voiture et vélo). Nous renvoyons à notre prise de position sur l'électromobilité de mai 2021.
  7. Assurer la logistique urbaine : les entreprises et les particuliers (mot-clé : e-commerce) sont tributaires d'une logistique qui fonctionne. L'espace en ville étant rare et convoité, l'aménagement du territoire doit prévoir des lieux de transbordement pour les marchandises (hubs logistiques). Dans l'idéal, ceux-ci doivent être directement reliés au réseau ferroviaire afin que le plus grand nombre possible de marchandises puissent être transportées en ville par le rail. Les centres de transbordement dans les quartiers peuvent en outre soutenir la distribution fine via la mobilité électrique.

4. Opportunités dans des villes en pleine mutation

La mobilité a toujours évolué et continuera de le faire à l'avenir. Les nouvelles possibilités technologiques telles que la conduite autonome, la mobilité multimodale ou la mobilité partagée ouvrent de nouvelles opportunités. Les avantages des transports publics actuels (peu d'émissions, performants, peu encombrants) et du transport individuel motorisé (pratique, point à point) pourront ainsi être combinés à l'avenir.

La conduite autonome peut apporter de nombreux avantages : Elle permet d'utiliser plus efficacement l'espace routier restreint et d'augmenter la sécurité (90% des accidents sont dus à des erreurs humaines). Les utilisateurs peuvent vaquer à d'autres occupations pendant le trajet - comme dans les transports publics - et se rendre directement à leur destination. En outre, la mobilité partagée permet de réduire les coûts, car les véhicules, qui sont aujourd'hui à 95% inutilisés, sont utilisés en permanence. Les problèmes de stationnement s'atténueront également, puisque les véhicules autonomes repartiront directement après avoir déchargé les passagers. Les stationnements prolongés (par exemple la nuit) se font en périphérie.

Il est difficile de prévoir si ces avantages se concrétiseront dans cinq ans ou dans trente ans seulement. Ceux qui se souviennent de l'introduction de l'ordinateur, d'Internet ou du smartphone savent que la société et la politique ont souvent été surprises par la vitesse du changement technologique et la volonté des gens de l'adopter.

Il est donc essentiel que nous nous penchions dès aujourd'hui sur ces nouvelles technologies. PLR Urban demande donc :

  1. Représenter la mobilité du futur dans des stratégies : Les villes suisses doivent aborder très tôt l'opportunité de la conduite autonome. Il faut des scénarios sur différents axes temporels pour développer et mettre en œuvre une mobilité basée sur le partage.
  2. Expérimenter la conduite autonome : Les projets pilotes permettent d'expérimenter de nouvelles technologies et d'analyser les répercussions sur l'infrastructure future. Cela doit se faire en collaboration avec des entreprises privées afin d'acquérir les compétences nécessaires en matière de technologie, de transport et d'aménagement du territoire.
  3. Planifier les investissements avec clairvoyance : au lieu de simplement cimenter le statu quo (sur la route et le rail), les décisions d'investissement doivent être analysées à la lumière des changements technologiques. Il est possible qu'à l'avenir, il faille investir davantage dans l'infrastructure numérique et moins dans l'infrastructure physique.

Novembre 2023